Olga Neuwirth

Compositrice associée de la saison 2021/2022

Singulière, dérangeante, la musique d’Olga Neuwirth nous interroge sur notre société, nos aspirations. Profondément ancrée dans la Mitteleuropa de ses aînés Mahler, Berg ou Schönberg, cette Autrichienne née en 1968 a séduit les plus grands artistes ; parmi eux Nikolaj Szeps-Znaider, sensible à son message autant qu’à la force de sa musique.
 

En février 2021, Olga Neuwirth a reçu le prix Wolf dans la catégorie Arts. Cet alter ego israélien du Nobel ou du Pulitzer avait récompensé en 2020 la physicienne Emmanuelle Charpentier, futur prix Nobel, pour ses «ciseaux génétiques» CRISPR/Cas9 ; c’est dire le niveau. Pour être précis, Neuwirth a partagé sa médaille avec un autre musicien : Stevie Wonder. «Neuwirth et Wonder […] ont repoussé les limites de leur art, chacun dans son propre domaine d’expression, pour servir de véhicule aux valeurs universelles et aux idéaux humanistes», a salué la Fondation Wolf. Il y a fort à parier que cette circonstance l’a enchantée, tant la compositrice se délecte du mélange des genres, des emprunts de toutes sortes, jusqu’à en faire sa marque de fabrique. Comme son aîné et compatriote Gustav Mahler, elle capte l’air du temps et le met en sons, dans ce qu’il a d’angoissant, de fragile, d’exaltant. Comme lui, elle juxtapose l’espoir et la mélan- colie, le lyrisme et le grotesque, le tendre et le violent, le banal et le sublime. L’écrivaine Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature 2004, se recon- naît volontiers dans l’art de Neuwirth, avec qui elle a souvent collaboré. Cette musique nous tend un miroir impitoyable, souvent déformant. Elle se veut engagée, politique, provocante. Maniant les références et les symboles, elle n’est pas toujours d’une compréhension immé- diate. Mais elle vaut absolument l’effort d’être apprivoisée.