Pergolèse : Stabat Mater

«L’éclectique est un philosophe qui […] ose penser de lui-même», écrit Diderot dans l’Encyclopédie, opposant le principe du choix au mélange aveugle. Quel mot mieux que cet éclectisme pourrait qualifier le nouveau programme de l’Orchestre des Pays de Savoie. Nicolas Chalvin y retient trois oeuvres que tout semble différencier : les genres, les compositeurs, les siècles et les nationalités. Mais des liens se tissent entre les voix et les instruments, entre le profane et le sacré, et c’est une délicate expression de l’amour qui semble emporter chaque pièce sur les terrains les plus intimes de l’humain et de sa spiritualité. L’amour de la Mère au pied de la croix, sur les douloureuses dissonances du Stabat Mater de Pergolèse. L’amour plus fort que la mort, dans la «Psalmodie de l’Ubiquité par amour» : selon Messiaen, la musique des Trois Petites Liturgies de la présence divine est une chatoyante combinaison de couleurs : ici des bleus rayés de rouge, là des mauves et des gris tachés d’orangé. Enfin, l’amour à la viennoise, sur les rythmes des valses de Brahms, mais dans une rare et très jolie version pour orchestre à cordes de Friedrich Hermann, un violoniste et compositeur contemporain de Brahms.