L’Auditorium-Orchestre national de Lyon a rejoint le prestigieux réseau ECHO (European Concert Hall Organisation), qui réunit les vingt-trois plus grandes salles de concert européennes. Chaque année, l’ECHO sélectionne six jeunes artistes prometteurs et soutient l’éclosion de leur carrière en organisant une tournée dans les salles du réseau. Cette saison, l’Auditorium accueille trois de ces «Étoiles montantes», qui seront, à coup sûr, les grands astres de demain.
Dans le cadre d’Unanimes ! Avec les compositrices. Attentif depuis plusieurs années à la place des femmes dans sa programmation, l’Auditorium-Orchestre national de Lyon participe à cette initiative de l’Association française des orchestres (AFO) dédiée à la promotion des compositrices et de leur répertoire.
11 heures – Trio Concept
Canzonetta
[3 min]
Trio avec piano n° 2, en fa majeur, op. 80
I. Sehr lebhaft [Très animé]
II. Mit innigem Ausdruck [Avec une expression intime]
III. In mässiger Bewegung [Dans un mouvement modéré]
IV. Nicht zu rasch [Pas trop vite]
[27 min]
Save Pepe, Variations on the Sad Frog Meme and «L’amour toujours»
[Sauvez Pepe, variations sur le mème de la grenouille triste et «L’amour toujours»]
Création mondiale, commande de l’European Concert Hall Organisation – ECHO
[10 min]
Trio avec piano n° 1, en ré mineur, op. 49
I. Molto Allegro agitato
II. Andante con moto tranquillo
III. Scherzo : Leggiero e vivace
IV. Finale : Allegro assai appassionato
[29 min]
Trio Concept : Edoardo Grieco violino – Francesco Massimino violoncelle – Lorenzo Nguyen piano
Concert sans entracte.
Clemens K. Thomas, Save Pepe
Comment se sent une grenouille qui veut simplement se détendre sur le canapé, mais qui devient à la place un écran où se projettent des idéologies politiques ? Qu’arrive-t-il à un personnage de bande dessinée apolitique lorsqu’il se transforme en symbole de la culture Internet d’extrême-droite et est retweeté comme mème par Donald Trump en personne ? Dans Save Pepe, je traite de l’appropriation culturelle de Pepe the Frog, un mème Internet qui a commencé sous la forme d’une grenouille comique qui fume le cannabis, et qui est désormais utilisé dans des contextes racistes, antisémites et haineux. Je relie le mème au tube L’amour toujours de Gigi D’Agostino, qui était à l’origine une chanson d’amour inoffensive avant d’être chantée, avec des slogans xénophobes, lors d’une fête sur l’île allemande de Sylt en 2024.
Une grenouille conçue pour détendre les gens et un tube sur l’amour éternel ont, à un certain moment, dévié du droit chemin. Ils ont été détournés, instrumentalisés, appropriés et transformés en symboles de haine et d’agitation. De manière ludique, ironiquement brisée et en même temps profondément sérieuse, l’œuvre pose la question suivante : pouvons-nous «récupérer» de tels symboles ? Pepe peut-il se contenter d’être une grenouille et L’amour demeurer une musique distrayante ?
Pepe se lance dans un voyage métaphorique – avec en arrière-plan le motif romantique de l’errance. Il quitte les forums toxiques de la culture Internet et se cherche une originalité : un endroit qu’il puisse appeler «chez lui», en tant que grenouille. Ce voyage est raconté par une voix off inspirée des documentaires sur la nature de la BBC. La voix est engendrée par intelligence artificielle et s’exprime dans la langue nationale du lieu où se déroule la représentation, en référence à la polyphonie de l’Europe. Un «public préparé» fait également partie de la composition : le public crée des sons de la nature et devient ainsi l’environnement. Car en fin de compte, nous faisons tous partie de l’habitat de cette grenouille. En tant que collectif polyphonique et démocratique, c’est finalement à nous de décider si la grenouille est entourée de haine et de xénophobie – ou de nature et d’amour.
– Clemens K. Thomas
15 heures – Álfheiður Erla Guðmundsdóttir
Music for a While, Z 583
Arrangement pour voix et piano de Michael Tippett et Walter Bergmann
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I Have Done It Again
[J’ai recommencé]
Blondel zu Marien, D 626
[Blondel à Marie]
Do Not Stand by My Grave and Weep
[Ne reste pas devant ma tombe à pleurer]
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The Nose, the Eye Pits, the Full Set of Teeth ?
[Le nez, les cavités oculaires, la denture complète ?]
Les Illuminations, op. 18
Sur des poèmes d’Arthur Rimbaud
Extraits :
VI. Interlude
VII. Being Beauteous
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The First Time It Happened I Was Ten
[La première fois que c’est arrivé, j'avais dix ans]
Der explodierende Kopf
[La tête qui explose]
Náðarstef
Création mondiale, commande de l’European Concert Hall Organisation – ECHO
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There Is a Charge
The Tyger
[Le Tigre], sur un poème de William Blake
O Freedom
[Ô Liberté]
How Wild the Wind Blows
[Avec quelle sauvagerie le vent souffle]
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Ash, Ash
By Beauteous Softness
Durée totale : 70 min environ sans entracte.
Ce récital est centré sur Lady Lazarus de Sylvia Plath, mis en musique de façon dramatique pour soprano solo par Aribert Reimann, et explore les thèmes de la résurrection, de la souffrance et de la défiance. Dans le poème de Plath, une femme affronte la mort et la renaissance, évoquant l’expérience d’être consumée et réifiée, mais en ressortant chaque fois plus forte. Le programme associe Lady Lazarus à d’autres chants classiques ou populaires qui font écho à ces thèmes en abordant la lutte contre l’oppression et la quête de liberté. Chaque chant ajoute de la profondeur à la représentation de la résilience d’une femme face à des forces écrasantes, tant personnelles que sociétales, mettant en exergue une lutte permanente contre les forces qui cherchent à la contrôler et à la définir. Le récital se présente ainsi comme un récit puissant de survie et d’affirmation de soi.
Álfheiður Erla Guðmundsdóttir soprano
Kunal Lahiry piano
MARÍA HULD MARKAN, Náðarstef
Cette œuvre se déroule en trois mouvements, chacun s’articulant autour d’un poème écrit par une voix différente venue d’ailleurs : l’écrivaine islandaise Fríða Ísberg, le poète palestinien Mosab Abu Toha et la poète polonaise Halina Poświatowska. Bien que leurs mots aient vu le jour dans trois langues différentes, ils se retrouvent ici dans une traduction islandaise, rassemblés en un seul fil musical.
Le titre Náðarstef peut être traduit en français par «Chants de miséricorde», mais le mot islandais véhicule toute une gamme de significations qui traduisent mieux les courants sous-jacents communs aux textes : le désir de libération, le chagrin et la recherche de la transcendance.
La musique est structurée en trois mouvements, chacun reflétant l’atmosphère particulière de son poème tout en faisant ressortir les résonances qui les relient, de sorte que le cycle devient à la fois une rencontre de voix individuelles et un écho unique et continu.
– María Huld Markan
18 heures – Giorgi Gigashvili
Arabesque, op. 18
[7 min]
Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 20
Thème : Ziemlich langsam [Assez lent] – Variation I – Variation II – Variation III – Variation IV – Variation V : Poco animato – Variation VI – Variation VII
[11 min]
Lieder ohne Worte [Romances sans paroles] op. 19
I. Andante con moto
II. Andante espressivo
III. Molto allegro e vivace
IV. Moderato
V. Agitato
VI. Venetianisches Gondellied [Chanson de gondolier vénitien] : Andante sostenuto
[13 min]
--- Entracte (10 minutes) ---
Holy Atoms
Création mondiale, commande de l’European Concert Hall Organisation – ECHO, création mondiale
[6 min]
Vier Lieder für Pianoforte [Quatre Romances sans paroles] op. 8
I. Lied : Allegro moderato
II. Lied : Andante con espressione
III. Lied : larghetto
IV. Wanderlied [Chant du voyageur] : Presto
[15 min]
Sonate pour piano n° 2, en si mineur, op. 61
I. Allegretto
II. Largo
III. Moderato
[25 min]
Sonate pour piano n° 6
[7 min]
Giorgi Gigashvili piano
Natalie Beridze, Holy Atoms
Holy Atoms [Atomes sacrés] explore la régularité du rythme et le sang-froid quand on est sous pression – lorsque le moindre accent est vital. Si vous en ratez un, le rythme s'effondre, devient quelque chose de complètement différent, et cette perte de concentration transforme la vérité en demi-vérité.
À une époque où l'information est omniprésente, la cadence et la ponctuation ne sont pas seulement des outils musicaux, elles sont une question de survie.
Cette pièce reprend des éléments de la structure rythmique du folklore géorgien et reflète le caractère géorgien : résilient, mais léger et enjoué, même face à l'adversité.
– Natalie Beridze