Notes de programme

Gospel Symphonique

Jeu. 29 déc. | ven. 30 déc. | sam. 31 déc. 2022 | dim. 1er jan. 2023

Retour au concert des Jeudi 29, vendredi 30, samedi 31 décembre 2022 et dimanche 1 janvier 2023

Programme détaillé

https://www.auditorium-lyon.com/fr/interpretes/wayne-bucknorOrchestre seul
– Ouverture de Strike Up the Band (George Gershwin) 

Orchestre et band
– Ouverture New Year (Pascal Horecka) 
– King of Kings (d’après Myron Williams)
– O Holy Night (John Sullivan d’après Adolphe Adam)
– Never Alone (d’après Anthony Brown)
– Great and Marvelous (Wayne Bucknor)

--- Entracte ---

Orchestre et chœur Gospel Experience
– Have Yourself a Merry Little Christmas  (Tom Anderson d’après Hugh Martin et Ralph Blane)

A cappella, avec beatbox
– Give Thanks (Wayne Bucknor d’après Henry Smith)
– If We Ever (d’après Thomas Andrew Dorsey)

Tutti
– For Every Mountain (d’après Kurt Carr)
– I Won’t Let Go (d’après John P. Kee)
– But Who May Abide (David Pack, Greg Phillinganes et Patti Austin d’après un extrait du Messie de Georg Friedrich Händel)
– He Shall Purify (Michael O. Jackson et Mervyn Warren d’après un extrait du Messie de Georg Friedrich Händel)
– Halleluia (Mervyn Warren, Michael O. Jackson et Mark Kibble d’après un extrait du Messie de Georg Friedrich Händel)

Distribution

Orchestre national de Lyon
Chœur Gospel Experience
Grand Chœur du Gospel Philharmonic Experience
Pascal Horecka 
direction et arrangements
Section rythmique : Sullyvan Rhino basse – Joël Dufeu batterie – Eddy Benoit et Jessy Raharison orgue Hammond
Invités : Drea Albert chant – Wayne Bucknor piano

Durée : 1h40 + entracte.

Télérama partenaire de l’événement.

En savoir plus

En avant la musique

Résiderions-nous à New York que nous nous rendrions probablement à Times Square pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Nous assisterions à la descente traditionnelle d’une immense boule de cristal, nous décompterions les ultimes secondes de l’année, puis nous reprendrions en foule la ballade écossaise immortalisée par Robert Burns, Auld Lang Syne, «Ce n’est qu’un au revoir» en version française. Peut-être mangerions-nous des black-eyed peas, des haricots secs que nous cuisinerions en soupe. Avec du chou en attendant les billets verts, et l’espoir d’y trouver une pièce de monnaie, assurance d’une année prospère. Mais nous pourrions aussi nous rendre à Broadway où se jouerait Strike Up the Band, le premier musical conçu par George et Ira Gershwin sous l’influence des opérettes de Gilbert et Sullivan. Échec financier en 1927 mais véritable succès dans une version remaniée en 1930, le spectacle est abracadabrant : un marchand de fromage américain part en guerre contre la Suisse ; victorieuse, son armée rentre au bercail et entame un nouveau conflit contre les Russes à propos du caviar. «En avant la musique», s’exclame le titre. Place à l’ouverture, irrésistible...

La musique fait son cinéma

Serions-nous à New York que nous irions au cinéma revoir Meet Me in St. Louis, une comédie musicale de Vincente Minnelli, sortie en 1944 et typiquement américaine. Au début du XXe siècle, une famille doit quitter sa région pour s’installer à New York. «Have Yourself a Merry Little Christmas», chante Judy Garland pour consoler la petite Margaret O’Brien. Il est dit que le réalisateur, au moment de tourner la scène, a menacé de s’en prendre au chien de la jeune actrice pour faire pleurer cette dernière. Les premières paroles prévues étaient si tristes que Judy Garland a exigé qu’on les modifie. Signée par Hugh Martin et Ralph Blane, la chanson a séduit les troupes américaines en pleine guerre, avant de nouvelles corrections et des reprises par Frank Sinatra, Ella Fitzgerald, Doris Day et Whitney Houston. Liste non exhaustive évidemment, puisque Hugh Martin l’a enregistré avec Del Delker, façon gospel, non sans avoir encore adapté son texte...

Aux sources des musiques religieuses afro-américaines

«Ceux-là même qui ne comprennent pas l’anglais sont profondément émus par le charme mélancolique de ces mélodies extraordinairement rythmées. Toute la musique nègre peut se transformer en musique de danses et ces danses sont écrites pour une race infiniment habile à saisir toutes les mesures, même les plus habiles. Le nègre chante avec les pieds et danse avec les épaules et la voix.»
Pierre Mac Orlan, chronique discographique du Crapouillot, janvier 1929

Nous pourrions profiter du Nouvel An pour commémorer quelques grandes dates de l’histoire américaine. L’entrée en vigueur, le premier de l’an 1808, d’une loi interdisant l’importation de nouveaux esclaves, ou l’émancipation de ces derniers, proclamée par Abraham Lincoln le 1er janvier 1863. L’occasion de nous replonger dans le répertoire des musiques afro-américaines. Le spiritual a pris son essor au XVIIIe siècle dans le mouvement religieux du Grand Réveil. Souhaitant réunir des églises congrégationalistes, presbytériennes et baptistes, un prédicateur évangélique a entendu dans cette musique une liberté d’expression propice à la réconciliation. Blanc ou noir, sur de nouveaux poèmes  comme sur des psaumes ou d’autres textes bibliques, le spiritual incarne le destin tragique des anciens esclaves, chante leur espoir et leur tristesse, à la suite des work songs rythmant la journée de travail dans les champs, se souvient de la souffrance des Hébreux en exil pour implorer l’aide divine. La guerre de Sécession n’a pas encore éclaté que la communauté noire a fondé ses propres universités : la guerre terminée, de nouveaux établissements s’ouvrent. Parmi eux, la Fisk University à Nashville, dans le Tennessee. Pour récolter des fonds, George White y rassemble une troupe de chanteurs, les Fisk Jubilee Singers. L’ensemble s’engage sur l’Underground Railroad, la route empruntée par les esclaves pour gagner le Nord, puis traverse l’Atlantique, des spirituals dans ses bagages. Il chante en Europe, notamment en Angleterre devant la reine Victoria, et profite bientôt de la radio pour élargir son auditoire. Nous sommes dans les années vingt et les préjugés racistes sont toujours aussi forts, et beaucoup affirment que le spiritual ne doit sa réussite qu’à son appropriation de la culture blanche du temps de l’esclavage.
 

Spiritual ou gospel ?

Spiritual ou gospel ? La confusion est fréquente, et force est de reconnaître que la distinction est peu claire. L’un et l’autre sont indissociables du rôle des prédicateurs dans les communautés afro-américaines. Souvent, la musique naît de la parole qui devient scansion, puis véritable chant dans l’alternance du soliste et de l’assemblée qui répond. On situe le spiritual au croisement du chant européen protestant et des musiques et traditions religieuses africaines ; le gospel (littéralement : Évangile) s’attache essentiellement au Nouveau Testament et au cadre des offices, avant de s’inviter à son tour au concert. Marqué par sa proximité avec les rythmes et les harmonies du blues et du jazz, il est plus gai que son aîné. Si Mahalia Jackson et The Golden Gate Quartet comptent parmi les pionniers du genre, on donne parfois à Thomas Andrew Dorsey le surnom de «père de la musique gospel». Né dans les derniers mois du XIXe siècle, celui qui a composé If We Ever en 1943 a commencé sa carrière comme pianiste de blues. Marqué par le décès de son épouse lors de la naissance de leur enfant, il s’est tourné vers la religion. Longtemps demeuré à la tête des chanteurs de la Pilgrim Baptist Church de Chicago, il a fondé la première société noire de gospel, la Dorsey House of Music, ainsi qu’une convention nationale de chœurs et de chorales.

Depuis lors, le répertoire du gospel ne cesse de croître. «Le gospel est une réalité actuelle qui requiert une réponse actuelle. Il ne devrait jamais être traité ou envisagé comme une relique», précise Brooke Ligertwood. Quitte à puiser dans les grands titres de la musique classique, puisque O Holy Night n’est autre que le Minuit, chrétiens d’Adolphe Adam, adapté par John Dwight, un fervent abolitionniste du XIXe siècle. Et en 1993, c’est l’intégralité du Messie de Händel qui est enregistrée par Mervyn Warren et ses partenaires sous le titre de A Soulful Celebration : un saut temporel qui réinvente l’oratorio de 1741, avec la participation de personnalités aussi différentes que Stevie Wonder, Chaka Khan et Patti Austin, mêlant spiritual et gospel, jazz fusion, R&B et hip hop. Parce que le gospel est vivant et parce que son histoire continue à s’écrire, Pascal Horecka ne cesse de découvrir des créations plus récentes : King of Kings, Great and Marvelous, I Won’t Let Go ou Never Alone en sont l’exemple. À ses côtés au piano, Wayne Bucknor, directeur du département de musique de l’Université Oakwood en Alabama, une université adventiste du septième jour, porteuse de l’histoire afro-américaine. Également compositeur et arrangeur, Wayne Bucknor lui non plus n’oublie rien de cette histoire. Comme si l’essence religieuse du gospel devait faire de la musique un pont entre l’éternité et notre quotidien d’aujourd’hui.

Un Nouvel An à Lyon

Serions-nous à Times Square à minuit que nous nous retrouverions couverts de confettis dans l’éclat des feux d’artifice. Mais parce que nous sommes à Lyon, Pascal Horecka a tenu à nous offrir une ouverture festive. Le compositeur et chef d’orchestre aime mêler les styles et les formations différentes. De la rencontre du classique et du gospel émerge en quelque sorte un nouveau genre. La pièce qu’il vient de composer est un pot-pourri ou, plus justement, un medley fort amusant. Tendons l’oreille afin d’en reconnaître les thèmes, Mon Beau Sapin et Jingle Bells, Joy to The World et Silent Night. Harmonisés en gospel, ils sont associés à plusieurs moments d’improvisation durant lesquels, accompagnés d’une section rythmique (basse, batterie et claviers), les solistes peuvent s’en donner à cœur joie, avec un grand solo pour Wayne Bucknor. Une jolie façon de changer d’année.

– François-Gildas Tual

Les chanteurs de Gospel Experience

Sopranos
Tatiana Jubert 
Judith Flessel-Toto
Kanto Calange
Marie-Laure Berchel
Danielle Mahailet 
 
Altos 
Prisca Vua
Hazaële Hyppolyte 
Marie-Judith Athus 
Sara Seba
Rubby Battery 
 
Ténors
Steven Leblanc
Gabriel Hyppolyte
Daniel Calange
Fabrice Claire
Therry Thomas
 
Baryton-basse
Manu Vince

Le podcast de L’AO

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