Pour cette première collaboration, le macLYON investit une partie de l’Atrium de l’Auditorium marquant ainsi le début d’une série d’échanges et de partenariats entre nos deux institutions. L’installation monumentale de l’artiste barcelonaise Eva Fàbregas dialogue ici avec deux monochromes de l’artiste américain, Phil Sims.
Ouverture de l’exposition : 1h15 avant chaque concert et 1h après.
En partenariat avec le Musée d’Art contemporain de Lyon.
Eva Fàbregas
Née en 1988 à Barcelone — Vit et travaille à Londres
Growths, 2022
Tissu élastique et ballons gonflables – 1030 x 220 x 170 cm
Achat à la galerie BOMBON Projects en 2024
Avec l’aide du FRAM Auvergne-Rhône-Alpes
inv.2023.1.2 – Musée d’art contemporain de Lyon / Ville de Lyon
Suspendues au plafond, ou rampant au sol et le long des murs, s’insérant dans les accidents de l’architecture, les sculptures bulbeuses d’Eva Fàbregas se propagent dans l’espace, évoquant simultanément le monde végétal (pistils et graines), animal (méduses, chrysalides) et humain (organes reproducteurs).
En partant du caractère technologique du design et de l’architecture, Eva Fàbregas explore l’érotisme des objets utilitaires et la production de masse du désir. Fascinée par les matériaux synthétiques et leur processus de production, elle crée avec ses mains des formes molles proliférantes, qui se déploient dans tous les recoins des espaces d’exposition : le tissu en lycra et les ballons gonflables qu’elles contiennent ressemblent à un paysage fantastique et de science-fiction ou à un voyage dans un corps biologique. Des similitudes peuvent être observées entre son travail et celui d’artistes féministes des années 1970, où la figuration des organes génitaux, plus explicite que la génération précédente, avait pour objectif d’accompagner la libération sexuelle des femmes. Mais Fàbregas va plus loin encore en invitant à dépasser toute opposition : ici fragilité et force, croissance et décomposition, sensualité et monstruosité s’exhibent, abolissant les frontières entre sujet et objet, féminin et masculin.
Ces sculptures évoquent ainsi le principe des transformations biologiques liées à la digestion, à la gestation ou à la métamorphose et créent une ambivalence chez les spectateurs entre le sentiment rassurant et la curiosité, voire un sentiment de menace face à une croissance organique incontrôlable. Elles nous invitent toutefois à envisager une approche sensorielle de l’art et à nous interroger sur sa texture, sa température, son rythme. Créant un désir d’expérience sensuelle et tactile, du contact d’un corps, du sentiment d’une présence et de la manifestation de la vie, les formes de l’artiste traduisent peut-être une envie profonde et émotionnelle de connexion, inextricablement liée aux mondes animés et inanimés qui nous entourent et nous habitent.
Growths a été acquise par le musée d’Art contemporain de Lyon à l’issu de la 16e biennale d’Art contemporain qui portait le titre de «Manifesto of fragility». Les installations tentaculaires de l’artiste barcelonaise ont pu être admirées récemment à la Hambuger Bahnhof – Galerie nationale d’art contemporain de Berlin.
Phil Sims
Né en 1940 à Richmond, Californie, États-Unis d’Amérique
Vit et travaille à Lakewood, Pennsylvanie, États-Unis d’Amérique
Untitled, Red (Sans-titre, rouge), 1985
Peinture à l’huile sur toile
241 x 234 cm
Don en 1991, inv. 990.11.3 – Musée d’art contemporain de Lyon / Ville de Lyon
Untitled, Yellow (Sans-titre, Jaune), 1986
Peinture à l’huile sur toile
254 x 254 cm
Don en 1991, inv. 990.11.2 – Musée d’art contemporain de Lyon / Ville de Lyon
Le monochrome, œuvre conçue d’une seule couleur, est l’un des gestes les plus emblématiques de l’art du XXe siècle. De nombreux artistes y ont consacré une grande partie de leur pratique, générant des œuvres aussi emblématiques que le Carré Blanc sur Fond Blanc, 1917, de Kasimir Malevitch ou les monochromes bleus d’Yves Klein. Loin de marquer la fin de la peinture, ces compositions monochromatiques aux variations infinies de formes, de couleurs et de matières représentent au contraire une ouverture artistique qui confronte le spectateur à la puissance de la couleur et à l’expressivité de la peinture, cette expérience complexe et esthétique pouvant même atteindre pour certains une véritable dimension spirituelle.
La particularité des œuvres de Phil Sims réside en partie dans la lisibilité du geste, car pour l’artiste «Le geste de peindre part de mon bras – l’application est rapide : expression abstraite d’une réaction au corps, à la couleur, au mouvement. Coup à coup – signification contenue dans le mouvement du bras qui est réaction aléatoire à un corps de peinture. Geste après geste, la résolution formelle se construit.» Ayant grandi dans un environnement rural, Sims a tout d’abord étudié la céramique dont il a gardé un goût certain pour les qualités tactiles et la rugosité de la matière. Après avoir étudié la peinture à San Francisco, il s’installe à New York en 1976 et inscrit sa pratique dans la tradition de l’expressionnisme abstrait, le mouvement artistique qui domine la peinture américaine après la Seconde guerre mondiale, donnant une place importante au geste, à la couleur, et se caractérisant souvent par de grands formats et un refus de la figuration. Parmi les références mythiques de ce mouvement nous pouvons citer les œuvres de Rothko, de Clifford Still, Brice Marden ou encore Robert Ryman.
Ces deux œuvres Untitled, Yellow et Untitled, Red ont été présentées au public lyonnais en 1988 dans l’exposition La couleur seule, l’expérience du monochrone. De Claude Monet à Anish Kapoor en passant par Miró, cette exposition mythique qui présentait 250 œuvres, chacune d’une seule couleur connut un immense succès et anticipe le format d’expositions monumentales et à travers la ville, préfigurant la Biennale de Lyon qui sera créée en 1991.