Aller au contenu principal

Notes de programme

Casse-Noisette / Le Lac des cygnes

lun. 29 déc. | mar. 30 déc. | mer. 31 déc. 2025 | jeu. 1er jan. 2026

Retour aux concerts des lun. 29 déc., mar. 30 déc., mer. 31 déc. 2025 et jeu. 1er jan. 2026

Programme détaillé

Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)
Casse-Noisette

Suite de Casse-Noisette, op. 71a
I. Ouverture miniature
II. Danses caractéristiques
a) Marche
b) Danse de la Fée Dragée
c) Danse russe (Trépak)
d) Danse arabe
e) Danse chinoise
f) Danse des mirlitons
III. Valse des fleurs

[25 min]

Le Lac des cygnes

Suite du Lac des cygnes, op. 20a (extraits)
I. Scène
II. Valse

Le Lac des cygnes, ballet op. 20 (extrait)
Andante con moto du Pas de six (Acte III, n°19) avec danseurs

Suite du Lac des cygnes, op. 20a (extrait) 
III. Danse des cygnes

[18 min]

--- Entracte ---

La Belle au bois dormant

Suite de La Belle au bois dormant, op. 66a
I. Introduction : La Fée des lilas
II. Adagio : Pas d’action
III. Pas de caractère : Le Chat botté et la Chatte blanche

La Belle au bois dormant, ballet op. 66 (extrait)
– Adage du Pas de deux (Acte III, n° 28)

Suite de La Belle au bois dormant, op. 66a
IV. Panorama
V. Valse

[27 min]

En partenariat avec Culture Relax.
La représentation du 29 décembre est un concert Relax.
Relax permet le partage des lieux culturels dans une atmosphère accueillante et détendue, facilitant la venue de personnes dont le handicap peut parfois entraîner des comportements atypiques pendant la représentation.

Distribution

Orchestre national de Lyon
Paul Connelly direction
Dorothée Gilbert Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra national de Paris
Thomas Docquir Premier Danseur du Ballet de l’Opéra national de Paris

Introduction

«Il n’y a pas de genre inférieur en musique, il n’y a que de petits musiciens !», aurait répondu Tchaïkovski à des amis qui tentaient de le dissuader d’écrire un ballet. Lorsque la commande d’une musique pour le Bolchoï lui parvient par l’intermédiaire de Vladimir Beghitchev, il explique à Rimski-Korsakov : «J’avais depuis longtemps envie de m’essayer à ce genre de musique.» Ce premier essai, en 1875-1876, aura pour résultat Le Lac des cygnes, et sera suivi en 1888-1889 par La Belle au bois dormant puis en 1891-1892 par Casse-Noisette. Tchaïkovski laisse ainsi trois partitions qui joueront une influence fondamentale sur la musique de ballet et prennent place parmi ses œuvres les plus célèbres, aux côtés du Concerto pour violon ou des dernières symphonies. Malgré des faiblesses – notamment dramatiques –, le compositeur réussit à donner à ses œuvres une coloration tout aussi personnelle que séduisante. De nombreux morceaux de premier ordre en émaillent les partitions, témoignant d’une grande facilité d’inspiration, y compris dans les passages «obligés» que sont les danses de caractère. Une orchestration à la fois fine et variée achève de donner tout leur charme à ces ouvrages, qui manifestent la proximité du compositeur avec le monde du merveilleux, du conte et de l’enfance. L’histoire des ballets de Tchaïkovski est associée à la figure de Marius Petipa, ancien danseur français installé en Russie et devenu chorégraphe : il fut le créateur de La Belle au bois dormant, supervisa vraisemblablement la chorégraphie de Casse-Noisette et donna une nouvelle version du Lac des cygnes en 1895. Mais les trois ballets existent également sous forme de suites orchestrales, pensées par Tchaïkovski (suite de Casse-Noisette) ou éditées après sa mort (suites du Lac des cygnes et de La Belle au bois dormant), ce qui permet d’en apprécier la musique en concert. Les quatre soirées festives offertes par l’Orchestre national de Lyon et Paul Connelly font entendre les suites, tout en permettant aux artistes de l’Opéra de Paris Dorothée Gilbert et Thomas Docquir de danser des extraits des ballets : une manière de réunir tous les plaisirs. 

– Angèle Leroy

Les œuvres

Casse-Noisette

Troisième et dernier ballet composé par Tchaïkovski, Casse-Noisette conte l’histoire d’un jouet (le casse-noisette éponyme) qui s’anime le soir de Noël, entraînant la jeune Clara dans une série d’aventures. La suite extraite de l’œuvre par le compositeur commence avec l’ouverture du ballet, petite merveille de légèreté aux sonorités cristallines, avant d’enchaîner sur la célèbre marche du premier acte, avec sa fanfare de cuivres et de bois auxquels répondent les cordes. Les morceaux suivants sont tous extraits de l’acte II, qui se tient dans le palais imaginaire de Confiturembourg. La Fée Dragée apparaît, accompagnée de ses sonorités de harpe et de célesta, un instrument nouveau mis au point en 1886 par Auguste Mustel. Ses touches actionnent des marteaux qui viennent frapper des lames métalliques, créant une sonorité scintillante qui fait indubitablement partie du charme de ce morceau. S’enchaînent ensuite plusieurs danses du «divertissement» : une danse russe au doux parfum de folklore, une danse «arabe» (plutôt géorgienne, à vrai dire) un peu plaintive, une danse chinoise où des grognements de basson soutiennent des flûtes aériennes, puis la danse des mirlitons, les joyeux petits bergers jouant de la flûte. Enfin, la «Valse des fleurs», avec son thème feutré de cors, achève cette véritable collection de tubes.

Le Lac des cygnes

Premier des ballets de Tchaïkovski, Le Lac des cygnes s’inspire notamment d’un conte populaire allemand : le jeune prince Siegfried, qui doit prendre épouse, tombe amoureux d’Odette, condamnée à prendre l’apparence d’un cygne le jour. Mais il est trompé par von Rothbart, le magicien qui a lancé un sort à Odette, et par sa fille Odile, le cygne noir. Différentes fins coexistent : dans certaines, l’amour triomphe, dans d’autres, c’est la mort qui attend Odette et Siegfried. L’œuvre n’a pas atteint le succès immédiatement : pour Tchaïkovski, la création en 1877 est une «déconvenue humiliante». Elle reste pourtant à l’affiche et la version de Petipa, en 1895, lui ouvre la voie vers l’immense succès qu’elle connaît maintenant. Quelques années plus tard, l’éditeur Jurgenson en propose une suite, dont on entend ce soir les trois premiers numéros : une introduction d’abord douce et lyrique (où chante le hautbois solo, instrument qui symbolise Odette) puis dramatisée par un vent d’orage ; une scène joyeuse au possible qui dépeint la réunion festive de Siegfried et de ses amis ; et la célèbre «Danse des cygnes», avec son thème allègre de hautbois sur fond de bassons patauds. Avant celle-ci, l’orchestre interprète le mélancolique – puis dramatique – Andante con moto du «Pas de six» (qui met en scène trois couples de danseurs) du troisième acte, dansé par Dorothée Gilbert et Thomas Docquir.  

La Belle au bois dormant

Pour ce deuxième ballet, Tchaïkovski a l’occasion de travailler avec le librettiste (qui s’appuie sur les versions du conte données par Charles Perrault et les frères Grimm) ainsi qu’avec le chorégraphe, Petipa. La gestation de l’œuvre se fait dans l’enthousiasme : «Mon labeur touche à sa fin. Dans quelques jours je pourrai […] éprouver la sensation indiciblement délicieuse de quelqu’un qui a mené à bien un travail ardu. [J’]ai découvert plusieurs combinaisons orchestrales totalement nouvelles, dont j’espère qu’elles seront belles et intéressantes», écrit le compositeur à Nadejda von Meck. La suite tirée de l’œuvre par Alexandre Siloti en 1899 fusionne dans son «Introduction» la musique de la méchante Carabosse et celle de la consolatrice Fée des Lilas (avec sa douce mélodie de cor anglais). Le «Pas d’action» suivant, introduit par la harpe en solo, est d’un lyrisme épanoui, avant le mystérieux «Pas de caractère» qui met en scène le Chat botté et la Chatte blanche. L’Adage du «Pas de deux» du troisième acte, une lente montée vers l’apothéose, est intercalé : Dorothée Gilbert et Thomas Docquir dansent Aurore et Désiré lors de leur mariage. La suite s’achève avec l’épanoui «Panorama» et la grande «Valse» de l’acte I, un éblouissant tourbillon orchestral.

– A. L.