«Suprême plaisir !» : quelle magnifique promesse que les mots ultimes d’Isolde pour ouvrir la saison musicale de l’Auditorium de Lyon. Pour renforcer le philtre des amants, le violoncelliste Jiang Wang nous rappelle son mantra : «La mélancolie ouvre la porte secrète du sublime.»
Programme
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Richard Wagner
Prélude et «Mort d’Isolde», extraits de Tristan et Isolde
17 min -
Ernest Bloch
Schelomo, rhapsodie hébraïque
20 min -
Piotr Ilyitch Tchaïkovski
Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie
20 min
Distribution
Jian Wang n’avait que 10 ans et était élève au Conservatoire de Shanghai quand le monde entier le découvrit grâce à un documentaire consacré au voyage du violoniste Isaac Stern en Chine, en pleine Révolution culturelle. Arrivé aux États-Unis, il aurait pu surfer sur les vagues superficielles du succès et briller à la lumière de la virtuosité si son violoncelle n’avait préféré le chant des émotions secrètes et de la nostalgie. Avec lui, la «fantaisie hébraïque» Schelomo de Bloch prend tout son sens. Inspirée par le personnage biblique de Salomon, elle rappelle que «tout est vanité», le pouvoir comme le luxe et la volupté. Et c’est donc l’amour le plus pur, la passion jusqu’à la mort et la fidélité absolue que la musique s’apprête à célébrer. Roméo et Juliette ayant, comme Tristan et Isolde, été les victimes de philtres qui n’étaient sans doute que des prétextes, Tchaïkovski fait surgir le thème de l’amour de celui de la discorde tandis que Wagner fait de la mort un éveil à une vie nouvelle. Jamais funèbre, la mélodie envoûte, devient elle-même philtre d’amour. Même privée de mots dans cette version purement orchestrale, la «Mort d’Isolde» rejoint l’«ouverture-fantaisie» de Tchaïkovski pour traduire les passions les plus extrêmes, le visage le plus intense de la volupté amoureuse.