Notes de programme

Octobre

Jeu. 6 juin 2024

Retour au ciné-concert du jeu. 6 juin 2024

Générique du film

Sergueï Eisenstein (1898-1948) et Grigori Aleksandrov (1903-1983)
Octobre : dix jours qui ébranlèrent le monde
[Октябрь : Десять дней, которые потрясли мир]

Union soviétique, 1927, noir et blanc, muet [2h06]

Réalisation : Sergueï Eisenstein et Grigori Aleksandrov, assistés d’Ilya Trauberg
Scénario : Sergueï Eisenstein et Grigori Aleksandrov, d’après Dix Jours qui ébranlèrent le monde de John Silas Reed
Photo : Vladimir Nilsen, Vladimir Popov et Eduard Tisse
Production : Sovkino
Dates de sortie :
– URSS : 7 novembre 1927
– États-Unis : 2 novembre 1928 (New York)
– France : 5 octobre 1966

Interprètes

Vassili Nikandrov : Vladimir Lénine.
Nikolaï Popov : Alexandre Kerenski
Édouard Tissé : un soldat allemand
Nikolaï Podvoïski et Vladimir Antonov-Ovseïenko : eux-mêmes (deux bolchéviques)
Apfelbaum : Grigori Zinoviev
Boris Livanov : le Ministre Mikhaïl Terechtchenko
Liachenko : le Ministre Alexandre Konovalov
Tchibissov : le Ministre Matveï Skobelev
Mikholiev : le Ministre Nikolaï Kichkine
Smelski : le Ministre Dmitri Verderevski

Distribution

Samuel Liégeon accompagnement improvisé à l’orgue

En coproduction avec l’Institut Lumière.

Le film

C’est le succès du Cuirassé Potemkine qui offre à Eisenstein, épaulé par son acolyte Grigori Aleksandrov, parfois acteur et ici coréalisateur, de signer l’un des deux films officiels des célébrations du 10e anniversaire de la jeune Union soviétique. Aucun moyen ne lui est refusé, l’Armée rouge fournissant matériel et figurants en quantité. De février 1917, et la chute du tsar, au triomphe des bolchéviques huit mois plus tard, le film fait la chronique, évidemment partisane, d’une année décisive. Avec des scènes de foule dignes d’une superproduction, notamment la prise du palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg, Eisenstein utilise toutes les ressources du montage, voire du collage, pour donner une force visuelle supplémentaire à son propos : le mensonge des religions, les ridicules des opposants, etc. Il sera aussi accusé de formalisme, style jugé incompatible avec le réalisme socialiste. Reste une leçon d’histoire immédiate et un film souvent stupéfiant. Il sera accompagné à l’orgue par Samuel Liégeon, dont on se rappelle la magnifique lecture d’un autre chef-d’œuvre d’Eisenstein, La Grève, lors du festival Lumière 2021. Riche d’une double carrière de musicien et de peintre, Samuel Liégeon apportera son talent d’improvisateur et son œil sensible à cette fresque mémorable, où il déploiera la puissance et la superbe palette de couleurs de l’orgue de l’Auditorium.

La musique

À l’orgue de l’Auditorium, Samuel Liégeon décuple la puissance des images par ses improvisations. S’il n’a pas écrit la musique à l’avance, la laissant jaillir dans l’instant présent, il a minutieusement regardé le film pour en connaître les moindres détails et surtout les moindres enchaînements. Ainsi la musique ne vient-elle pas en réaction aux images muettes, mais peut-elle au contraire les devancer ou les contredire, tisser un arrière-plan qui les nuance, faire des clins d’œil ou des allusions. Elle éclaire de cette manière les images sans jamais se montrer redondante ou passe-partout, ajoutant une dimension nouvelle qui sublime la pellicule. Par sa grandeur et sa richesse, l’orgue de l’Auditorium sait se montrer tour à tour suave ou inquiétant, mystérieux ou écrasant, conservant une bonne part de son éloquence et de sa poésie par-delà l’écran qui le masque. 

L’ORGUE DE L’AUDITORIUM

L’ORGUE EN BREF

Les facteurs d’orgue :
Aristide Cavaillé-Coll (1878)
Victor Gonzalez (1939)
Georges Danion/S. A. Gonzalez (1977)
Michel Gaillard/Manufacture Aubertin (2013)

Construit pour l’Exposition universelle de 1878 et la salle du Trocadéro, à Paris, cet instrument monumental (82 jeux et 6300 tuyaux) fut la «vitrine» du plus fameux facteur de son temps, Aristide Cavaillé-Coll. Les plus grands musiciens se sont bousculés à la console de cet orgue prestigieux, qui a révélé au public les Requiem de Maurice Duruflé et Gabriel Fauré, le Concerto pour orgue de Francis Poulenc et des pages maîtresses de César Franck, Charles-Marie Widor, Marcel Dupré, Olivier Messiaen, Jehan Alain, Kaija Saariaho, Édith Canat de Chizy, Thierry Escaich ou Philippe Hersant. Remonté en 1939 dans le nouveau palais de Chaillot par Victor Gonzalez, puis transféré en 1977 à l’Auditorium de Lyon par son successeur Georges Danion, cet orgue a bénéficié en 2013 d’une restauration par Michel Gaillard (manufacture Aubertin) qui lui a rendu sa splendeur. La variété de ses jeux lui permet aujourd’hui d’aborder tous les répertoires, de Bach ou Couperin aux grandes pages romantiques et contemporaines. C’est, hors Paris (Maison de la Radio et Philharmonie), le seul grand orgue de salle de concert en France. En 2019 et 2022, il a accueilli les deux premières éditions à l’orgue du Concours international Olivier-Messiaen.

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