Hommage à Weinberg

Disparu dans une quasi-indifférence, Mieczysław Weinberg est resté dans l’ombre de Prokofiev et de Chostakovitch, bien que ce dernier lui ait témoigné son admiration et une profonde amitié. Son oubli – malgré un catalogue impressionnant – n’était que l’aboutissement d’une existence marquée par la souffrance. De sa famille, Weinberg était le seul rescapé de l’extermination nazie ; ayant pu fuir en Union soviétique, il y a été harcelé, incarcéré puis libéré après la mort de Staline. Probablement sa musique témoigne-t-elle un peu de cette douleur. Jamais ses trios, aussi classiques soient-ils, ne s’enferment dans les formes figées. Après un début inquiet, la Rhapsodie moldave libère ses plus chatoyantes couleurs orientales dans un tournoiement irrésistible. Et lorsque le compositeur s’essaie, après Bach, à la sonate pour violon seul, il tourne aussitôt le dos à cet embarrassant modèle pour tracer son propre chemin, tantôt âpre et accidenté, tantôt plus apaisé.