Les grandes dates de l’Orchestre national de Lyon

1938 : Association philharmonique

Jean Witkowski à la tête de l'Association philharmonique

L’Association philharmonique de Lyon

Avant la Seconde Guerre, le paysage symphonique lyonnais change. En 1938, Radio Lyon se dote d’un orchestre, l’Orchestre radio-symphonique de Lyon PTT, qui recrute de nombreux membres de la Société des Grands Concerts. Pour endiguer l’hémorragie, Georges Martin Witkowski mène une fusion avec le Trigentuor, ensemble de trente musiciens fondé en 1925. Le nouvel orchestre prend le nom d’Association philharmonique de Lyon. Il se professionnalise mais, la saison symphonique n’étant pas suffisamment rémunératrice, nombreux sont les musiciens qui «cachetonnent» également à l’Opéra ou à la Radio, voire qui exercent d’autres métiers.

Jean Witkowski

Depuis la saison 1929/1930, Georges Martin Witkowski était remplacé de plus en plus régulièrement au pupitre par son fils Jean Witkowski. À la mort de son père en 1943, celui-ci prend officiellement la direction de l’orchestre. Les années de guerre ne stoppent pas les activités et en mai 1944, après un concert de l’Orchestre philharmonique de Berlin imposé par le commandement militaire allemand de Lyon, la salle Rameau résonne d’un concert patriotique : sous la baguette de Paul Paray, avec ouvreuses parées de cocardes tricolores, l’Association philharmonique joue La Valse de Ravel (œuvre ô combien symbolique) puis une Marseillaise chantée par une salle debout, Paray dirigeant face au public.

 

André Cluytens

Un autre chef marque l’histoire de l’Association philharmonique : André Cluytens. C’est lui, chef d’orchestre de l’Opéra depuis 1941, qui dirige le 24 juin 1949 le tout premier concert que la «Philharmonique» – rebaptisée pour l’occasion «Orchestre du Festival» – donne au Théâtre antique de Fourvière récemment redécouvert et inauguré, dans le cadre du Festival de Lyon-Charbonnières. Jusqu’à sa mort en 1967, Cluytens dirigera l’orchestre à de nombreuses reprises, notamment le 13 février 1955 pour célébrer son cinquantenaire.

Robert Proton de la Chapelle

En 1953, quelques mois après le cinquantenaire de la Schola cantorum et dix ans après la mort de son père, Jean Witkowski décède brutalement. La direction artistique de la Philharmonique est confiée au vice-président de l’association, l’industriel Robert Proton de la Chapelle (1894-1982). Celui-ci, excellent musicien, compose et écrit sur la vie artistique sous le nom de Robert de Fragny. Il est secondé dans sa tâche par Marcelle Baudot. Bras droit de Jean Witkowski, celle-ci est nommée secrétaire générale, assurant aussi bien l’accueil des artistes invités que le recrutement des musiciens de l’orchestre, le secrétariat du directeur, tout en demeurant quasiment bénévole. À cette époque, en effet, l’orchestre n’est toujours pas permanent. À chaque début de saison, on recrute les quatre-vingts musiciens qui assureront les dix concerts ; une petite moitié est issue des rangs de l’Opéra, un quart de l’Orchestre radio-symphonique, et les autres sont des indépendants. Le plan de travail est prévu pour s’intercaler entre les services de l’Opéra, et certains week-ends se révèlent particulièrement éprouvants lorsque s’additionnent les deux agendas.

L’après-guerre

Après guerre, l’orchestre tisse des liens avec des chefs d’orchestre de stature mondiale. Outre André Cluytens et Paul Paray déjà nommés, il accueille notamment Otto Ackermann (celui peut-être qui marqua le plus profondément l’orchestre), Jascha Horenstein, Jean Martinon, Jean Fournet. Au cours de la saison 1953/1954, la venue de Georges Enesco quelques mois avant sa mort laissera un souvenir impérissable ; déjà fatigué, le compositeur roumain dirigera assis sa Deuxième Suite d’orchestre et des pièces de Mozart et Franck, avec Aldo Ciccolini au piano. Les pianistes Samson François, Yves Nat, Pierre Sancan font partie des invités réguliers. Le public lyonnais découvre des œuvres d’Arthur Honegger, Luigi Dallapiccola, Henri Dutilleux, Francis Poulenc.

La Société philharmonique de Lyon

Les finances de la Philharmonique – issues des seuls dons de ses membres – et le statut des musiciens restent précaires. Ceux qui jouent à l’Opéra n’y ont ni sécurité de l’emploi ni protection sociale, jusqu’à la mise en place d’un modeste régime de prévoyance et de retraite. En l’absence de tout financement public, l’Association philharmonique n’est pas en mesure de pallier ces manques. La suppression de l’Orchestre radio-symphonique en 1964 laisse sur le carreau quarante-cinq musiciens, dont Robert Proton de la Chapelle, élu l’année suivante sur la liste de Louis Pradel et nommé adjoint aux Beaux-Arts, va en partie améliorer le sort : la municipalité accepte de renforcer l’effectif de l’Opéra en embauchant vingt-quatre des musiciens licenciés.

En 1966, l’Association philharmonique modifie ses statuts et prend le nom de Société de l’Orchestre philharmonique de Lyon, simplifié en 1969 en Société philharmonique de Lyon.